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Le jardin de Minerve
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  • Quand la géopolitique et la stratégie militaire sont vues avec les yeux d'une femme... J'ai 20 ans d'expérience professionnelle dans ces domaines et un doctorat sur les conflits asymétriques. Libre utilisation des informations mais citez ce blog.
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21 janvier 2019

Caractérisation de la violence

 

Une première approche nous est fournie par Fisichella qui se base sur les points d’application de la force et abouti au classement suivant :

  • Actions psychologiques, quand on vise à déstabiliser l’adversaire en utilisant la force sur un plan immatériel, en agissant sur les symboles et sur les besoins émotionnels des individus et des communautés. Ces actions visent les moyens immatériels.
  •  Actions matérielles, quand on vise à déstabiliser l’adversaire à travers des actions sur les biens matériels en les endommageant ou en les détruisant.
  •  Actions physiques, quand on vise à déstabiliser l’adversaire à travers des actions contre les individus ou la société auxquels on veut imposer sa volonté.

 Cette typologie nous permet de retrouver les catégories de facteurs de pouvoir définies plus haut soient les capacités matérielles, immatérielles et humaines. Cependant, cette typologie ne prenant pas en compte la notion d’intensité dans l’usage de la violence, elle ne nous paraît pas suffisante pour modéliser les modes d’action des acteurs internationaux.

Jean-Loup Francart quant à lui, propose une typologie de la mise en œuvre de la force en définissant quatre niveaux d’intensité, qu’il base sur le niveau maximal de destruction dans les rangs de l’adversaire que s’autorise l’acteur qui décide d’avoir recours à la violence pour atteindre son objectif.

Le premier niveau consiste en une « violence psychologique » qui s’exerce à travers l’exclusion ou le mépris et la violence physique est exclue. Elle vise l’ensemble des membres de l’unité politique adverse, comme ce fût le cas des Etats-Unis qui, au début de la guerre froide, decidèrent de discrediter toute action de l'URSS afin de montrer ce pays sous la plus mauvaise lumière possible (des documents du State Department de l'époque sont disponible grâce au FOIA).

Le deuxième niveau consiste en une violence sporadique qui voit des actes de destruction physique ou d’atteinte à l’intégrité des personnes conduites de façon ponctuelle et selon des motivations variées qui ne sont donc pas héritées d’un discours prosélyte. Le troisième niveau consiste en une violence ciblée, qui est dirigée exclusivement contre un groupe ou une organisation toujours pour la même raison. A ce stade, ce sont généralement les membres actifs de l’unité politique adverse qui sont visée. Le quatrième niveau consiste en la violence aveugle, qui débouche sur des actes de destruction ou d’atteinte à l’intégrité physique des personnes, sans une cible précise mais visant la société entière, c'est-à-dire aussi bien les membres actifs que les membres en charge du soutien.

A partir de ces deux analyses, nous pouvons proposer la classification suivante qui définit trois stades de violence en fonction de deux paramètres que sont le niveau d’organisation de l’action violente et l’étendue des cibles potentielles.

  • Le premier stade : utilisation de la force non organisée. Elle caractérise une situation dans laquelle les acteurs recourent à la force mais ne planifient pas leurs actions. Il s’agit, par exemple, de la violence des foules, des psychopathes ou bien, d’une réaction à une agression ou encore, des actions de la petite délinquance.
  •  Le deuxième stade : utilisation de la force d’une façon organisée et strictement ciblée. Les acteurs choisissent la cible, les moyens et le moment de l’action avec beaucoup d’attention. Ce souci peut être lié soit pour respecter le principe de concentration des efforts ou par souci d’économie des moyens, de siens comme ceux de l’adversaire. L’acteur cherche alors à maximiser l’efficacité du peu de moyens dont il dispose soit pour limiter les éventuels dommages collatéraux pour rester conforme à des considérations morales ou au droit international. Il s’agit respectivement des modes d’action terroristes et des frappes dites « chirurgicales » des Etats les plus avancés technologiquement.
  •  Le troisième stade : utilisation de la force d’une façon organisée et non ciblée. Il s’agit d’une situation de violence généralisée qui caractérise de conflits qui opposent deux unités politiques qui luttent pour leur survie. La deuxième guerre mondiale ou certaine guerres civiles en sont des exemples.

 Le tableau suivant synthétise cette typologie :

 

 

Utilisation de la force d’une façon non organisée

 

 

Utilisation de la force d’une façon organisée et strictement ciblée

 

 

Utilisation de la force d’une façon organisée et non ciblée

 

 

Actions sur les capacités

 

 

Entraver temporairement l’adversaire

 

Neutraliser l’adversaire pour une durée variable

 

Contraindre l’adversaire à cesser la lutte faute de moyens matériels

 

Actions sur la volonté

 

 

Détourner l’attention de l’adversaire

 

Action externe :

Isoler une communauté au sein d’un groupe

Action interne :

Dénigrer les bases culturelles et fédératrices de cette communauté.

 

Contraindre l’adversaire à cesser la lutte faute de ressources immatérielles

 

Tableau

Tableau récapitulatif des modes d’actions possibles des acteurs internationaux d’après l’auteur.

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
C
On dirait un cours du C....T ;-)
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